Le bruit sourd de mes bottes en cuirs résonnaient sur le sol dallés des petites rues aux tracés sinueux, tel un lointain et rauque écho se propagant et rebondissant sur les murs en pierres. L'éclat de la lune nimbait mes cheveux blonds si clairs qu'on les croiraient blanc. Le sont-ils ? Hum bonne question. Ils tombent en cascade dans mon dos, semi ondulés. Mes yeux bleus glacés rivés sur le bout de la ruelle, fixant quelque chose sans le voir, dans le vide ... Quand enfin je sors de cet endroit, je travererse la route d'un pas plutôt pressé, je déboule ensuite dans un parc, le parc. Celui que je connais si bien. Celui dans lequel je viens les soirs quand je ne peux dormir. Soir comme aujourd'hui.

Je sors une cigarette de ma poche et l'allume en la portant à ma bouche tout en sillonant l'étendue verdoyante en quête d'un banc. Tiens, en voilà un. Parfait. Je m'assois dessus et croise les jambes. En me voyant comme telle, on se dirait surement que cette fille là à un style extravagant, quelle est populaire et enjoleuse. Et bien non pas vraiment, hormis le style vestimentaire, en effet: Bottes en cuirs, slim en cuir noir, et un haut rose flash, boucle d'oreille en créole noire et un simple pendantif. Oui, c'est un style, oui. Spécial si ça peut vous plaire, certes.

Le visage de marbre, sans sourire, le teint pâle arboré par des yeux bleus glacés, tellement clairs qu'ils vous frigorifie au premier regard. Et oui, mon caractère, bien trempée je dois dire. Mais avec une enfance comme la mienne, quoi de plus normal ... Bref, je ne vais pas vous déballer ma vie. Les relations humaines c'ets pas truc, point. Je n'aime pas parler, j'évite les conversations. Je peux vite me montrer agressive et hautaine, voir même limite blessante. Autant dire que je choisis mes relations, si je ne vous aimes pas, je ne vous porterait jamais dans mon coeur mais si le courant passe bien, je ferais tout pour garder le contact avec mes amis, je les protegerais et ne les trahirais jamais. Contrairement à mes ennemis, je peux parfois devenir bien cruelle envers eux, les manipuler pour les trahir ne me gêne pas, ça me laisse froide ... Je me contente d'être distante et lointaine. Mes yeux souvent figés dans le vide, comme perdu dans le néant de la vie ...

Toujours ma cigarette allumée au coin de la bouche, je ferme les yeux un instant, penchant ma tête en arrière, relachant lentement quelques bouquets de fumée. A vrai dire, je m'ennuie, oui, profondément comme à chaque fois que je viens les soirs dans ce parc.

La lune se dessinait clairement dans un ciel constellé d'une multitudes d'étoiles, nimbant la louve de leur lumineux reflets. Celle-ci, toujours assise sur le banc, guettait le moindre mouvement ou bruit suspect, comme si la peur d'être épié la tenallait. Une peur me direz-vous. Ciel ? Une peur ? Ces deux choses font deux. C'est comme si l'ont associait un ange et un démon ou autre termes contradictoires. Le lampadaire à côté du banc se mit soudain à grésiller, la lumière qu'il diffusait finit par se faire si infime qu'elle disparut ... Ciel soupira et reporta son regard sur la jeune fille qui venait de la rejoindre, postée sur le banc en question, les yeux plongés dans la vague étendue noire au plumage corbeau, sa bouche entre ouverte signifiait un tel état d'admiration que la louve ne put réprimer un soupir d'exaspération. Portant ma clope à ma bouche dans un sillon de fumée, je pose ma main sur ma tête, m'accoudant au banc, fermant un instant les yeux comme pour profiter de la fraîcheur environnate, du calme apaisant qu'il y regnait.

<<-Hum... Salut! je peux te poser une question?>>
Ciel ouvrit un oeil, sortit de ses pensées, elle posa ses yeux sur la jeune fille qui venait de lui parler, la mine remplie d'un lassitude incomprise. Elle n'eut pas le temps de répondre que l'autre en reposa une couche. << Que fais-tu dehors à cette heure tardive? Bon d'accord, moi aussi je ne devrais pas être là mais bon ...>>

Ciel reporta son regard bleu glacé sur elle, la dévisageant littéralement. << Ce que je fais ?>> S'enquit-elle. << Rien à vrai dire, oui rien car je n'ai franchement rien à faire. Disons que je me réfugis ici ...>>

Puis, elle reprit une bouffée de cigarette, le regard perdu dans le vague.