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Votre avis sur le pensionnat:

Un parfait territoire de conquête. Depuis mon arrivée ici, je ne cesse de croiser de nouvelles espèces hybrides, c'est très intéressant. Pour le moment, essayons de nous adapter, de faire un peu parler de soi, par des faits plus ou moins autorisés. Ensuite, nous verrons ce que l'avenir nous réserve. Ces créatures me sont assurément inférieures, elles sont minables, peureuses et douces. Je vais me plaire ici.

Votre Histoire:

Eliott naquit un beau jour créant une forte émotion dans le riche Royaume des Alligators. Il fut un enfant adorable et admirable, versé dans les études et dans l'observance des lois de son père, de façon à un jour pouvoir lui succéder dignement. Ca, c'est l'histoire officielle. Examinons maintenant les faits.

Eliott est effectivement né un beau jour de Printemps dans le Royaume des Alligators. Ses parents, alors dirigeants de ce Royaume, avaient préféré cacher l'enfant. En effet, la guerre civile déchirait le pays entre les conservateurs royalistes et les divers groupements anarchistes qui voulaient faire tomber le Roi. Le Royaume tombait en ruine, il n'était plus que l'ombre de sa gloire passée. Et les batailles durèrent durant des années entières. Pendant ce temps, Eliott vivait reclus, dans un manoir plutôt sobre, tout de même de manière assez aisée, ayant plusieurs serviteurs à sa disposition. Et sa mère me direz-vous, mais non. Sa mère est morte durant l'accouchement du jeune prince héritier. Et ce manque de proximité entre lui et sa famille fit des ravages dans son cœur et sa pensée. Très vite, fort d'un pouvoir d'achat quasi illimité, il lui était courant de se faire payer des caprices de gamin, parfois un peu excessifs. La discipline ? Il ne la connaissait pas. La seule chose qu'il savait, c'est qu'il ne devait pas sortir du manoir, sous aucun prétexte. Mais la suffisance gagna peu à peu son cœur, et il s'éloigna des sages conseils qui lui étaient donnés, pensant qu'il leur était supérieur. A l'âge de 10 ans donc, il commença à sortir de nuit. La propriété était vraiment dans un endroit caché, derrière un marécage à l'accès interdit. Il ne se risquait pas à le traverser dans un premier temps. Le soir, il sortait, scrutait les lieux, s'armait de courage... Et reportait finalement son escapade nocturne au lendemain. Quelques temps plus tard, alors que l'état d'alerte était toujours décrété dans le Royaume, il se décida à traverser la zone qui lui était interdite et tomba dans un Bourg. Un bourg à moitié détruit par les affrontements. Chaque soir maintenant, caché soit dans un baril, soit derrière quelque objet que ce soit, il scrutait les rues du Bourg, et au cours d'affrontements dans une rue adjacente, où les anarchistes tendirent une embuscade à la patrouille de nuit, vit des morts pour la première fois. Mais le pire n'était pas là, le pire était qu'il s'en réjouissait. Désormais, il ne sortait plus. Il avait maintenant 13 ans, et ses caprices étaient d'ordre animalier, des pauvres bêtes qu'il torturait en cachette dans sa chambre, avant de les faire disparaitre dans le marécage.

Tout changea 2 ans plus tard, lorsqu'une nuit, alors qu'il déambulait furtivement dans le manoir, il surprit une conversation entre sa gouvernante et un homme en uniforme, apparemment un soldat royaliste. Il apprit cette nuit-là la mort de son père dans des affrontements au Nord du Royaume. Évidemment, l'instruction était de ne pas le mettre au courant. Aucune émotion, rien. Il ne ressentait rien, pas de joie, pas de peine, pas de haine, pas d'amertume, pas de fureur, pas de désespoir. Rien. Quelques minutes plus tard, le soldat sortit. Sa gouvernante, en larmes, sortit également de la pièce. Il devait être dans les 4 heures du matin. Il resta là quelques minutes. C'est alors qu'il entendit des bruits de pas. Le temps de se retourner, la personne l'avait déjà aperçu. C'était un des serviteurs, qui devait surement s'occuper des travaux du matin. Avant qu'il n'ait eu le temps de dire le moindre mot, il se rua dessus et le frappa violemment au visage. KO. C'était la première fois qu'il frappait quelqu'un, et ça n'était pas pour lui déplaire. Mais vite, il regagna sa chambre, histoire de ne pas être découvert une seconde fois. Le technicien serait tombé et se serait cogné tout seul, qui aurait pu imaginer un tel scénario de toute façon ?

Dès le lendemain, on vint lui dire que la guerre était terminée, que les anarchistes avaient été écrasés, le Nord récupéré et la capitale sécurisée. Il demanda son transfert immédiat au Palais Royal, et il lui fut accordé. La capitale du Royaume avait subit des dégâts. Enfin, par rapport aux seules images qu'il avait pu trouver d'elle, elle avait sacrément changée. Le Palais par contre était le même que sur les photos d'archive. Tant mieux. On lui dit que son père avait des affaires à régler dans l'Est, et qu'il ne rentrerait pas tout de suite. Il fit semblant de ne pas savoir la mort de son paternel et acquiesça. Peu à peu, la vie d'Eliott se dégrada. La proximité avec d'autres personnes ne lui faisait décidément pas du bien. Sous un anonymat providentiel -n'existant pas pour les habitants-, il passait ses journées (et surtout ses soirées) dans la ville. Souleries, rixes, sans oublier un goût prononcé pour les amourettes d'un soir étaient son quotidien. Il avait à son avantage de ne pas faire ses 15 ans et paraitre plus âgé. Il avait la passion de l'eau. Comme tous les habitants du Royaume, il avait un don particulier pour la natation, mais l'eau l'attirait inexorablement, il était pour ainsi dire amoureux de l'eau. Le temps passait, et Eliott devenait de plus en plus étrange, ne manquant d'inquiéter certains préposés à sa sécurité et son éducation. Mais rien ne se passait toutefois, ils n'étaient toujours pas au courant de ses escapades nocturnes. Les différents problèmes qu'il a affrontés ou créés ont fait de lui ce qu'il est maintenant : un homme imbu de son pouvoir toujours croissant, un névrosé, un sadique. Eliott ressent de moins en moins d'émotions, parle de moins en moins, affiche un visage neutre la plupart du temps. Une espèce de statue, de momie, appelez ça ce que vous voulez. Mais le pire était à venir : un soir qu'il n'avait pas pris de précautions suffisantes pour sortir, il se fit surprendre. Le pot aux roses était maintenant découvert. Il ne se débattit pas. Il avait un argument de poids, qui passerait sous silence ses préposés. Quand on apprit la nouvelle, avant même qu'on ne lui parla, il annonça qu'il savait tout pour la mort de son père. Et qu'il hériterait donc du trône. Les gardes qui l'accompagnaient blêmirent, et il fut emmené devant le Premier Ministre, à qui il répéta strictement la même phrase. Le Ministre était un vieillard, un homme sage comme ils disent. Lui ne blêmit pas à cette annonce, ce qui ne manqua pas d'amuser Eliott, qui y voyait là surtout le stéréotype de l'homme d'expérience. Pitoyable. Revenons-en à la scène. Le ministre ne démentit pas les propos du prince héritier. Mais il y apporta une nuance. Le trône ne pouvait lui être donné, en raison de son âge, et qu'il serait à la tête d'une régence provisoire. S'il ne pourrait pas s'y opposer d'ici quelques temps, il décida pour le moment, en tenant compte du manque de discipline de l'hybride, de lui donner une nouvelle affectation. Le Pensionnat Monochrome. Un nom qui ne disait rien à Eliott, toutefois désireux d'en apprendre davantage. Il apprit que c'était un lieu où se regroupaient toutes sortes d'hybrides, de toutes classes sociales, de tous horizons. Un lieu d'étude pour hybrides. Eliott sentit un regain d'énergie, de motivation. Un nouvel endroit à conquérir. Il fut renvoyé à ses quartiers, le temps de préparer ses affaires. Il allait quitter la prison dorée, dont il avait déjà limé quelque peu les barreaux. Il se regarda dans le miroir. Il était maintenant un jeune homme de 17 ans, plutôt grand et mince. De magnifiques écailles vertes dans le cou et le bas du dos, des yeux rouges, peu commun, ainsi qu' une langue puissance et agile. Ses cheveux étaient mi-longs, chatin, et lui couvraient partiellement les yeux. Depuis combien de temps n'avait-il pas regardé dans un miroir ? La dernière fois, c'était un enfant, innocent. Maintenant, il avait des morts sur la conscience, des tortures à son actif, des malversations, des perversions. Parfait. Cela ne suffit pas. Le Pensionnat allait peut-être lui offrir de nouvelles expériences. Il dominera du regard les autres pensionnaires, les soumettra à son autorité, puis reviendra un jour dans son Royaume, fort de son pouvoir, et pourra assouvir les besoins sa personnalité totalement déséquilibrée.