Vous:

Votre avis sur le pensionnat:

Ce lieu, différent des autres, est l’endroit où Adam se sent chez lui, (presque) en sécurité. Presque, parce que certains élèves peuvent être parfois un peu effrayants, voire carrément flippants, mais ce n’est qu’un détail. Être différent est une tare, avoir la possibilité de vivre avec ceux qui nous ressemblent est une bénédiction, surtout en étant comme les élèves de ce pensionnat, mi-humains, mi-animaux, c’est-à-dire des hybrides. Adam considère le fait d’appartenir à ce pensionnat comme une chance énorme. Là, les pensionnaires sont à l’abri du racisme, des moqueries, de la différence. Cependant, le fait d’être isolé, loin de la réalité du monde est peut-être favorable maintenant, mais au long terme, qu’en est-il vraiment ? Revenir en contact avec les humains une fois adulte en ayant été dans un petit cocon auparavant ne serait-il pas un trop gros choc ? La question mérite d’être posée, et cela reste une inquiétude pour Adam, malgré ses efforts pour rester concentré sur son présent.

Votre Histoire:

Un ciel bleu, un soleil rayonnant, un jour de printemps radieux. Un cri, de la souffrance, une vie qui s’évapore, doucement, en laissant place à une autre. Le monde d’un homme s’écroule, et pourtant, autour de lui, le monde ne change pas, les gens ne semblent pas avoir conscience de la gravité de la situation… Sa moitié vient d’expirer son dernier souffle. Son rayon de soleil, sa raison de vivre n’existe plus. Il ne la verra plus lui sourire, jamais plus il ne sentira sa chaleur contre lui… D’ailleurs, à l’heure qu’il est, son corps doit déjà être froid et rigide.

Pourquoi ? La question résonne en lui comme dans un trou, profond et creux.

Il le sait. Il connait la raison de la mort de sa bien-aimée. La vie de son fils a couté la vie de sa femme. Ne méritait-il pas d’avoir les deux en vie ? Il pense que si, mais changer sa situation lui est impossible, et même si un dieu quelconque existait, il ne pourrait lui rendre son âme soeur. Deux choix s’offrent à présent à lui : considérer son fils comme responsable de la mort de sa dulcinée afin de faire connaitre sa haine à quelqu’un, ou bien l’accepter, peut-être essayer de l’aimer –malgré la difficulté que représente la chose- et le voir comme un dernier cadeau de sa femme. La deuxième solution lui semble être la meilleure, même si les efforts à fournir allaient être rudes. Il se promet d’essayer malgré tout.

Adam, c’est ainsi qu’on le nomma, car il s’agissait du prénom favori de sa défunte mère. Son père lui avait parlé d’elle maintes fois, de sorte que maintenant il semblait la connaitre mieux que personne. Il pouvait presque la voir quand il fermait les yeux et il percevait même son odeur en se concentrant un peu. Il la sentait toujours près de lui, même s'’il ne l’avait jamais connue ou prise dans ses bras. Son père lui avait appris à l’aimer malgré le fait qu’elle n’existait plus physiquement.

Parfois, Adam s’isolait pour écrire quelques pensées dans un calepin que lui avait donné son père. Elles traitaient de la mort, du sens de la vie, des gens qui l’entouraient, et de sa différence qui n’était pas toujours simple à oublier. Souvent, il devait faire face aux moqueries d’autres enfants ou bien au mépris des adultes. Il ne savait pas ce qui était le plus difficile à supporter. Les enfants étaient cruels de nature et les adultes souvent stupides. Lesquels étaient les plus excusables ? D’après lui, aucun des deux. Après tout, il n’était ni stupide, ni laid. D’ailleurs, aucune particularité ne méritait d’être la source de rejet et de solitude. Surtout pas la sienne. Ses oreilles de chats représentaient-elles un si gros problème pour eux ?

L’écriture devint son exutoire, et il finit par toujours avoir un crayon et son calepin sur lui. Pas un seul jour ne passa sans qu’il écrive, même si parfois il ne s’agissait que de deux mots pour résumer un état. Quand Adam atteint ses onze ans, son père lui parla d’une île où se trouvait un pensionnat prêt à l’accueillir. Il lui dit peu de choses de l’endroit, afin qu’il découvre par lui-même la surprise qui l’attendait là-bas s’il acceptait d’y aller. La seule chose qui le retenait chez lui était son père, mais il savait que comme pour sa mère, il n’avait pas besoin d’une présence physique pour savoir qu’il était là. Il accepta donc et découvrit avec joie que tous les élèves de ce pensionnait possédaient une différence notoire : comme lui, ils étaient des hybrides. Cela le ravit de savoir que pour plusieurs années, il n’aurait plus à subir moqueries, rejet et solitude. C’est ainsi qu’Adam entra à pensionnat Monochrome.