La bibliothèque, alias mon lieu de prédilection. Un peu de tranquillité ne pouvait me faire que du bien, que ce soit pour écrire, lire ou même me reposer. J’aimais ce lieu, avec pour seule compagnie des livres ou des personnes plongées dans leurs bouquins. Aujourd’hui, je m’y rendais pour une recherche scolaire. Le sujet n’était pas déplaisant, il traitait du 18ème, des philosophes et de ses mouvements littéraires. Personnellement, je trouvais cela beaucoup plus amusant qu’un devoir de mathématiques avec des résolutions d’équations ou autres choses totalement abstraites (selon moi, bien sûr). Pour d’autres, les sujets littéraires étaient à mourir d’ennui, ce que je ne pouvais pas comprendre. Mais les goûts, les couleurs, c’est quelque chose que l’on ne partage pas toujours, et personne n’a jamais osé affirmer le contraire.

Je poussai la porte de la bibliothèque et je laissai l’odeur de papier et de vieux livres m’envahir. Comme d’habitude, l’endroit était calme et serein. Je regardai les tables libres afin d’en trouver une où m’assoir. Bien sûr, ce n’était pas la place qui manquait – tous les élèves ne passaient pas leurs après-midi dans un endroit comme celui-ci. Je déposai mon sac et un carnet de notes sur le coin d’une table déjà occupée par une personne. Je lui jetai un coup d’œil. Il s’agissait d’une fille plutôt jolie aux cheveux d’un rouge éclatant, détail original mais qui lui allait bien.

Je ne m’attardai pas à la table et je parcourus quelques rayons, cherchant après des livres parlant du 18ème siècle, de Voltaire, de Rousseau, et de tout ce qui se reliait au thème. Je remarquai vite que les livres à ce sujet-là étaient nombreux, et lorsque j’en eu assez au point de ne plus savoir en porter un seul, je retournai à la table. La jeune fille était toujours là, ce qui n’était pas plus mal. Je déposai les livres avec précaution, les répartissant en deux piles plus ou moins égales. Je m’assis en face de la demoiselle aux cheveux rouge et lui sourit. Le silence, évidemment, était de rigueur dans un lieu comme celui-là. Cependant, la politesse l’était dans l’importe quelle situation, donc, je décidai de la saluer.

« Bonjour », dis-je à voix basse, en gardant le sourire aux lèvres.

J'avais décidé qu'aujourd'hui, ce serait journée lecture. Je me dépêcha, très tôt le matin, de prendre mes quelques affaires pour arriver la première là-bas. J'avais posé mes quelques affaires sur une table avant de faire une mini-inspection de la bibliothèque. J'avais commencer par l'état de la salle puis je m'attaqua aux livres, j'en prit deux-trois pour regarder leur état et, malheureusement, je pris un de ces livres intriguant et rempli de mystère. Je retourna à la table en le lisant, complètement absorbé. Tellement que je lisais quelque fois des passages à voix basse. Un jeune garçon arriva et s'assit à ma table. Il me chuchota un bonjour.

- Bonjour...

Je continuais la lecture de mon livre, je tourna une page et le retira de la table. Son titre ? "Les mystères d'Afrique" L'auteur était inconnu, juste le titre était noté. Le fond était un ciel multicolore, quelques feuilles volant aux vent. Je regarda attentivement le livre avant de le feuilleter: je tourna une page, deux, trois, quatre... J'avais fais le tour du livre... Je le ferma bruyamment et le posa sur la table avec un léger bruit. Je regarda le garçon et sa pile d livre.

Elle me répondit sans pour autant lever les yeux de son livre. J'aurai espéré un signe un peu plus chaleureux de sa part, par exemple un sourire, ou quelque chose d'autre, mais après tout, si elle désirait simplement continuer sa lecture, je ne pouvais pas lui en vouloir. Je regardai rapidement ce qu'elle lisait. Il s'agissait d'un livre sans nom d'auteur parlant de l'Afrique. Le genre de bouquin que je ne lirai certainement jamais. Je pris un livre dans ma pile, il était épais et la reliure était légèrement abîmée. Le titre était "Voltaire et sa critique de l'Optimisme". Je feuilletais le livre, d'abord pour repérer les différents points puis pour en trouver un qui pouvait m'aider pour mon travail. Je commençais à lire lorsque la jeune fille referma son livre avec bruit. Je levai brièvement les yeux vers elle par-dessus mon livre puis je continuai ma lecture tranquillement. Au bout de quelques instants, je remarquai qu'elle me regardait. Je levai à nouveau les yeux de mon livre pour l'observer à mon tour.

"- Comment est ton livre?", demandai-je.

Je tentai un sourire en la regardant encore, espérant qu'elle ne se replonge pas dans un livre sans même me répondre. Après tout, faire connaissance pouvait être aussi bien amusant que de lire... Enfin, de mon point de vue. Une question me traversa soudainement l'esprit: quelle hybride était-elle? Elle n'avait ni oreilles ni queue comme j'en avais. Peut-être un oiseau... Je n'en étais pas vraiment sûr. J'attendis qu'elle me réponde en souriant toujours.

Avant que je referme mon livre, le garçon entama un des siens. J'eus un air désolé quand il leva les yeux à cause du bruit fait quand j'avais fermé le livre.

- Comment est ton livre?
- Heu... Bien.... Je suppose...

Je me leva et alla le ranger avant de retourner à la table où je vis la reliure abîmée du livre du garçon. Je me plaça à coté de l'élève.

- Tu t'appelle comment ? Moi c'est Tayla.

Je regarda la reliure assez vite, nota le titre sur mon bras pour le retenir. Ce garçon avait tant de livres parlant de la même chose ! Contrairement à moi qui lis tout ce qui m'intrigue. Le livre que j'avais lu plutôt remettait en cause notre exil, il y a des générations. L'oeuvre n'était pas l'original mais, à la fin, il y avait noté "Ce livre n'est pas l'oeuvre original. L'auteur a été tué pour ces dires" qui montrait que c'était un des seul à plaindre notre condition. C'est vrai, les corbeau et vautour, chez les africains, sont symbole de mort, ils sont charognard et vole la nourriture d'après les habitants. Je refusais toujours d'y croire et, dans ce livre, il y avait toute une histoire sur l'auteur qui avait pitié de nous. Pourtant, ce livre est interdit à la lecture au royaume. Je n'ai pas eu le courage de le lire jusqu'au bout et donc, je ne sais pas ce qu'il y a écrit à la fin. Pourquoi ce livre qui palre des corbeau est interdit dans mon royaume ? Je ne savais vraiment pas.